mercredi 20 juillet 2011

Avoir les cheveux qui poussent en hauteur et mourir.

Vengeances. Le dernier ouvrage de Philippe Djian est aussi le premier que j'ouvre. Et dévore. De bout en bout en quelques heures. Rares sont les livres qui me font cet effet. D'autant que, stigmatisée par trois années de Lettres Modernes, je ne fouille que rarement dans les oeuvres contemporaines, trop dangereuses.



Baise-moi de Virginie Despentes
** Flashback contemporain: Samedi. 1h30 du matin. Le dernier métro en direction de Porte de Montreuil vient de fermer ses portes Pont de Sèvres. Je sors d'un malheureux baby-sitting -les enfants ne m'aiment pas, je leur rends bien- à Saint-Cloud. Pour sortir de ma trêve Nickelodeon, je m'installe confortablement dans un carré jonchée de bière et ouvre mon livre du moment, Baise-moi de Virginie Despentes. Quelques stations plus loin, quatre jeunes hommes passablement éméchés envahissent les sièges restants et ceux d'à côté. Plongée dans ma fiction, je les ignore jusqu'à ce que j'ouïsse dans un rire fort fin: " Heu.. Heu.. Ha..Ha..Baise moi.. Heu..Hu..Hu". Mal à l'aise, je tente tant bien que mal de dissimuler la couverture rose fuschia de l'ouvrage. Mais le mal est déjà fait. 

"Hey hey pourquoi tu lis ça ?"
-Qui êtes vous pour me tutoyer pauvre individu?- 
"Parce que c'est un bon livre" 
-Pauvre fille- 
"Ah ouais et genre ça parle de quoi ?"
-De filles qui se masturbent devant des films pornos, qui tuent des gens sans raison, se saoulent au whisky dès 10h du mat' et se font violer, des fois- "
"Hum. C'est un polar."
"Warfwarfwarwarf..."
L'horreur. Descendue à la station suivante, je maudis les auteurs contemporains.**

Retour en 2011. La scène se passe dans le métro. Pas le mien, celui de Marc, le héros de Vengeances. Las, il se laisse transporter, voguer en repensant à ce terrible Noël où son fils s'est tiré une balle dans le crâne. Une jeune fille monte dans sa rame. Ivre, elle tangue, vomit et s'écroule dans sa bile recrachée. Par pitié, par envie mais aussi par intuition, Marc, artiste qui a réussi, la ramasse, la ramène chez lui. A son retour, Gloria aura saccagé son appartement et volé un portrait de son fils. Dont elle fut la petite amie.

Philippe Djian travaille au corps la relation père-fils pendant les 194 pages du roman. Gloria devient peu à peu le prisme par lequel Marc apprend à connaître son fils, le comprendre. Il comprend qu'il n'a pas été là. Que lorsque son nez prisait, que ses sens se perdaient, son fils périclitait. La Gloria devient thérapeutique, un objet de rédemption. L'écriture s'accélère, devient sèche lorsque la douleur éclate. Vive. Elle se fait rattraper par ces moments nuageux, de flottement, de défonce. Et puis il y a ce couple. Anne et Michel. Les meilleurs amis du peintre. Marc a eu une aventure avec Anne. Cette dernière, confrontée à la libido défaillante de son compagnon renouvellerait bien l'expérience. Michel préfère Gloria. 

La gorge serrée, humant les effluves des breuvages interdits, le livre n'épargne pas le lecteur. Angoissé, étouffé, la frénésie d'une rapide lecture s'accroche. Jusqu'à la page 194.

mardi 24 mai 2011

Je sais pourquoi battait mon coeur

20h. La Cigale. Alex Beaupain se fait attendre, languir. Une blondinette scandinave s'installe au piano face au public. Une voix lancinante, mélancolique. Un spleen fascinant. Du rouge versé dans un verre en plastique que mes doigts enserrent, je me perds dans les méandres de cette première partie. Sweat glitter et slim gris sale, elle envoûte la salle. Même mon voisin lâche pendant plus de trois minutes son Iphone et cesse de commenter à Cyril sa soirée. Lequel Cyril a bien dû se sentir perdu de l'autre côté de ces messages qui ne lui parvenaient plus.Acclamée, la douce chanteuse s'eclipse. 



Place aux musiciens. Place à Alex Baupain. Tout de noir vêtu, moulé dans un slim souligné par des boots. Un dandy anglais au verbe français. Premiers mots, il enchante la salle composée de populations maraisiennes, connaisseuses de l'histoire de Baupain. L'homme a l'humour cynique, fin."Il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas eux [les musiciens] que vous êtes venus voir" dit-il pince-sans-rire. Se moque de Hollande qui au Printemps de Bourges a voulu faire d'"Au départ" l'hymne du PS citant AXEL Baupain. Sa voix légèrement brisée, ses mouvements de chevilles non sans rappeler ceux d'Etienne Daho nous amènenent doucement vers avant la haine. Douloureuse déclaration à la passion, j'ai découvert cette chanson dans la bouche de Romain Duris. Au téléphone avec Joanna Preiss dans Dans Paris, il lui souffle, peignoir marron élimé son terrifiant amour. Je me souviens des larmes versées face à l'actrice, voix éraillée et culotte blanche. Hier, l'émotion fut tordante. Sur scène il entame ce morceau aux côtés de Camelia Jordana. Cinq ans d'attente pour entendre cette interprétation. J'en ai encore l'esprit flouté.  Mais Alex -parce qu'on devient intime après deux heures de concert- a plus d'un tour dans sa veste de costume. "Il est bon de rappeler que Marine n'est pas uniquement la fille de Jean-Marie mais que c'est aussi un pull." Oui, il a chanté le tube kitsch d'Isabelle Adjani. 

Alex Baupain fait au moins deux rappels pour autant de standing ovations. Il est comme ça Alex. Mais ce qu'il aime, c'est surprendre. Il nous offre même Prague,une des chansons du dernier film de Christophe Honoré...avec son interprète... Ludivine Sagnier. Tonnerre d'applaudissements. Aussi blonde que Alisson Mosshart est brune, elle fait vibrer sa voix face au public. Pudique. Et puis, l'homme ne s'arrête plus. Clothilde Hesme déboule et le trio s'amuse sur "Je n'aime que toi". Les coeurs chavirent et jamais ne voudraient que cette soirée s'achève.

On aimerait tous qu'Alex Baupain soit notre ami.


lundi 2 mai 2011

Devenir Alison Mosshart/Kate Moss. Un peu.

-Sour Cherry-
Pour 30€ dans le Marais, dans cette friperie bien connus dans aguerris -ou non- du vêtement de seconde main, j'ai trouvé, ô chanceuse que je suis un perfecto ! Un vrai. En cuir noir, avec des zips, de l'asymétrie et une putain d'allure. Il pèse au bas mot deux kilos, sent le vécu (beers and cigarettes) et aime à me tenir chaud  (contrairement à mon mini-cuir vert à 80 €, toujours dans la même friperie, arnaque bonjour.) 

Les dégaines d'Alison Mosshart et de Kate Moss n'ont plus de secret pour moi. 

PS: J'ai aussi acheté -offert en fait par le vendeur, geste commercial bonsoir- un pull jaune à grosses manches ballons courtes (ou courtes ballons) moulant. Hum mais j'en suis beaucoup moins sure.

-L'idole de toujours-