samedi 30 avril 2011

Regarder les films de Xavier Dolan et vouloir vivre au ralenti.

" Faut que ça épate la galerie avec son vocabulaire !"  Ca oui, avec son vocabulaire cinématographique, mon pair, Xavier Dolan m'épate. La galerie aussi peut-être, ça je ne le sais pas.

Deux longs-métrages sur pellicule et le metteur en scène ne se gêne pas pour créer des thèmes récurrents, imposer son style. Grand bien lui en fasse. Celui qui n'aime pas qu'on dise que "c'est drôlement bien...pour son âge" ponctue ses films de ralentis, d'apartés et de menues attentions.

Après projection, l'envie de fumer des cigarettes -au ralenti- la tête entourée de subtiles volutes, de déambuler -au ralenti- avec lunettes noires, robe vintage, talons acérés et d'éclater de rire-au ralenti- de toutes ses dents se fait irrépressible. Sa caméra pourrait rendre chacun de nos gestes épatant de déclicatesse et d'élegance. Le thé versé dans ces tasses vides, ce moindre objet kitsch et ces feuilles d'automne qui volètent à travers un beau temps d'octobre.Tout. Le jeune homme a fait de son cinématographe, son regard et chacun de ses plans transpire d'intelligence artistique poussée par une intransigeance sans nom.

J'ai tué ma mère. Xavier Dolan réussit le tour de force suivant: retranscrire l'amour/haine que l'on peut avoir de ses parents. Avoir le courage de l'écrire, le verbaliser et d'en faire un film. Oui, ils sont tout. Mais en une seconde, ils ne sont plus rien. Quand prend-t-on conscience, devient on lucide sur sa famille ? Adulte, oui, lorsque les différences deviennent remarquables, quand la situation s'équilibre. Mais ose-t-on se l'avouer et...le dire ?

Si le débat s'égard un peu, c'est que ces deux films -J'ai tué ma mère et Les amours imaginaires- portent à la réflexion. Réflexion traduite par de superbes plans, scènes, séquences.

Hubert -protagoniste du premier- fait l'amour avec Antonin sur des journaux alors qu'ils peignent un mur façon Pollock ou Marie et Francis marchent d'un pas vers Nicolas. Nicolas joué par Niels Schneider et qui, présent dans les deux oeuvres, représentent une vision fantasmagorique des envies des personnages principaux. Ephèbe fuyant, impossible à garder et devient obsession. De façon moins flagrante dans le premier, il n'est que la tentation qui fera basculer Hubert.


Antonin et Hubert font l'amour. DR

Alors non, cher paire, ce n'est pas "bien pour votre âge". Juste un rafraichissement du paysage cinématographique francophone.

Bien à vous.


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